MA PETITE MAMIE CHERIE,
Tu as traversé la soie sauvage de ta vie, d’un bout à l’autre du siècle, à la pointe de tes ciseaux magiques.
Renée Collard, ta griffe de haute couture, a parcouru le monde de la mode et des arts, devant tes yeux étonnés de bleu et de malice.
Tu as fait tienne cette formule de Madame Coco Chanel :
« L’élégance parisienne, c’est cette fameuse légèreté qui ne s’improvise pas ».
Légèreté des volumes et légèreté de l’âme qui s’envolent aujourd’hui dans la lumière céleste d’entre rivière et forêt.
Nous, tes enfants, petits-enfants, arrières petits-enfants qui t’ont aimée rieuse et rebelle, indépendante et passionnée, exigeante et raffinée, imprévisible et mondaine, garderons ces étincelles de bonheur qui ont émaillé nos vies, cousues à contrepoint tout au fond de nos cœurs.
Toujours en avance d’une mode, magicienne des étoffes, créatrice d’exception, curieuse de toutes les innovations, tu n’as jamais été l’archétype de la mère ou de la grand-mère, mais l’éternelle fantaisie des armoires de plumes, de paillettes et de strass, des tiroirs à gâteaux parfumés et multicolores et des jardins bruissant de fleurs cancanières.
Nous avons vu ton visage doux et serein s’élever, ce matin, des friselis de la rivière, vers les rivages éternels. Tu n’aurais pas voulu que nous soyons tristes puisque tu es montée préparer les costumes du grand spectacle de la vie après la vie. Le Seigneur a besoin de toi pour décorer son théâtre, car il sait bien que les artistes sont tes amis. Nous sommes joyeux de te savoir là-haut, à découper les nuages avec tes grands ciseaux magiques.
Et puisque tu as un peu d’avance sur nous, profites-en pour embrasser Cyrille et Olivier, nos deux petits anges trop tôt partis.
Une larme a coulé, Mamie chérie, sur nos visages abandonnés, mais nous nous sommes vite repris, car les artistes tels que toi ne meurent jamais.
Au revoir, Mamie, nous t’aimons.